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2010-01-11

Clovis 1er, le fondateur du royaume de France

Né vers 465, mort à Paris en 511, roi des Francs de 481 à 511 Clovis 1er est le fils de Childéric 1er. En 486, Clovis roi des Francs, bat à Soissons, Syagrius dernier général romain. Bien plus qu'une simple conquête, cette victoire allait modifier le cours de notre histoire. Le royaume franc se forme. Il sera le fondement du royaume de France.

Clovis, modeste roi des Francs
Le nom de la dynastie des Mérovingiens viendrait de Mérovée, grand-père présumé de Clovis. Clovis devient roi des Francs en 481 à la mort de son père Childéric : il n’a que 15 ans mais cet âge n’est pas choquant puisque la loi fixait la nubilité (état d'une personne en âge de se marier) à 14 ans pour les garçons et que la moyenne d’âge était alors de 27 ans pour les hommes (et 22 ans pour les femmes) ! Il n'est à cette époque que le roi d'un modeste territoire autour de Tournai (en Belgique actuelle) qui s’étend entre la mer au Nord, l’Escaut à l’Est, les diocèses de Thérouane et de Boulogne à l’Ouest et celui de Cambrai au Sud. Il se marie avec une princesse thuringienne ou rhénane et son 1er fils, Thierry, naît probablement avant les conquêtes de 486. On ne sait que peu de choses concernant ce mariage car Grégoire de Tours, son principal chroniqueur, choisira d'ignorer cette princesse païenne et considère son fils comme un bâtard.

Clovis et le catholicisme
L’évêque de Reims, Saint Rémi, entretient avec lui des contacts réguliers qui vont l’inciter à respecter l’église et à s’occuper de tous les citoyens situés sur son territoire : une étrange symbiose et un profond respect naissent au contact de ce roi païen et de l'évêque catholique. Une lettre écrite par Saint Rémi et adressée à Clovis nous est d'ailleurs parvenue et est très révélatrice quant au rôle de conseil assuré par l'église. C'est dans ce contexte et suite à l'encouragement de Saint Rémi que juste avant son avènement, Clovis entreprend "la fusion" des francs avec les gallo-romains en donnant à tous les mêmes droits et devoirs. Cette "coopération" est bénéfique pour les deux partis. Pour Saint Rémi, ces contacts sont indispensables car il réalise que l’indépendance du clergé n’est pas possible ; il doit donc composer avec les barbares et choisit ceux qui répondent le mieux selon lui aux critères de valeur du catholicisme. Les francs sont considérés comme un rempart et une épée contre l'arianisme (arianisme : hérésie rattachée aux ariens qui dit que le christ n'est pas le fils de dieux mais un être doté de pouvoirs exceptionnels, qu'il n'est pas éternel, ni égal à dieu le père).
Pour Clovis, il s'agit de profiter de l'expérience et du crédit d'une église respectée par une partie des notables et écoutée par une frange de la population gallo-romaine.

Début de l'expansion franque
Dès sa prise de pouvoir, Clovis est étriqué dans son étroit territoire centré sur la Belgique, il tente d’étendre son royaume avec l'aide de quelques milliers de soldats armés de lances à crochet ("framée") et de haches de jet (la fameuse "francisque").
Les Francs Saliens étaient forts d'environ 200 000 personnes, un nombre incroyablement bas si on songe au rôle qu'ils vont jouer dans la Gaule romaine peuplée à l'époque d'environ 8 millions d'habitants ! Pour étendre les territoires sous son contrôle, il s'allie en 484 avec le roi franc rhénan. Il entre ensuite en conflit avec Syagrius, dernier représentant romain, qui a hérité du pouvoir de son père Aegidius mais ne bénéficie plus de fonction officielle suite à la chute de l'empire. Il est maître de la région de Soissons et le roi franc ne peut accepter les liens étroits qu’il entretient avec les wisigoths. En 486, l’armée franque de Clovis écrase celle de Syagrius et pille la région conquise ; c’est dans ce contexte que se déroule le fameux épisode du Vase de Soissons. Clovis hérite ainsi de la légitimité romaine et commence l’expansion de son territoire, qui comprend désormais Soissons, Senlis et Beauvais. Clovis somme les wisigoths, chez qui Syagrius s'est réfugié, de lui remettre le vaincu ; ces derniers s'exécutent et Clovis fait égorger Syagrius. Il s’approprie également Paris, sa future capitale, car Sainte Geneviève s’en remet à son autorité, elle bénéficie d'une extraordinaire reconnaissance dans la population suite au courage qu'elle a manifesté lorsque les huns d'Attila étaient aux portes de Paris (c'est elle qui a imploré les parisiens de ne pas abandonner leur ville). Il soumet partiellement les thuringiens en 491. Cette campagne, durant laquelle il élimine les roitelets parents Ragnacaire et Chararic (qui s'était montré lâche durant le conflit avec Syagrius), lui permet de s'assurer tout le nord-est du pays avant de partir à la conquête de l'est (contre les alamans) et du sud (contre les wisigoths). Le territoire de la Thuringie n'a jamais été circonscrit avec précision par les historiens, il était probablement situé sur la rive droite du Rhin.

Une expansion bien limitée
Cette expansion reste toutefois très limitée à la fin du Vème siècle en comparaison de celle des goths. En effet, les ostrogoths, qui étaient jusqu’alors restés sur les terres de l’empire Romain d’Orient, envahissent l’Italie avec 100 000 personnes (dont 20 000 soldats) et la bénédiction de Zénon, Empereur Romain d'Orient. Leur roi Théodoric le Grand renverse Odoacre qui avait pris possession de l’Italie, provoquant la chute du dernier empereur romain d’Occident en 476. Odoacre signe sa reddition en 493 mais est aussitôt assassiné par son vainqueur lors d’un banquet. Une période de 40 années de prospérité recommence alors en Italie, en se basant sur une administration romaine contrôlée par les ostrogoths. Fin stratège, Théodoric mène une "politique matrimoniale" intense pour accroître son prestige et mieux se positionner en arbitre de l'Occident. Il est en effet beau-frère du roi des francs (Clovis) et du roi des vandales (qui tenaient l'Afrique et la Sicile) et beau-père du roi des wisigoths (Alaric II) et du prince héritier des burgondes ! Les ostrogoths représentent donc un obstacle de plus pour Clovis, circonscrit et isolé dans son modeste territoire. À la fin du Vème siècle, Clovis reste un petit roi face au roi burgonde Gondebaud, aux rois goths Théodoric le Grand (ostrogoths) et Alaric (wisigoths). De plus, il se marginalise en étant le seul païen face à ces trois rois ariens.

La conversion de Clovis au catholicisme
L'église avait besoin d'une "épée" pour combattre l'hérésie arienne ; Saint Rémi a donc tout intérêt à convertir par le baptême le roi Clovis afin que les francs deviennent les protecteurs de l'église. C'est dans ce contexte que Saint Rémi incite Clovis à demander en mariage Clothilde, une princesse burgonde catholique et nièce du roi burgonde Gondebaud. Le roi Gondebaud accepte cette union par intérêt politique, en espérant pouvoir profiter de la bienveillance de Clovis. Le mariage est célébré en 493 à Soissons et à partir de ce moment, Clothilde pousse son mari à se convertir à sa religion en tentant de vaincre ses réticences.
Clovis reste au début méfiant vis à vis de la religion catholique, il doute de l'existence du Dieu de Clothilde suite au décès de leur 1er enfant qui meurt dans ses habits de baptême, il est conscient que cet acte peut lui faire perdre le caractère sacré que lui reconnaissaient les francs en anéantissant le prestige de son origine réputée divine : il court le risque de se voir abandonné par une partie de son peuple.
Clovis va changer d’opinion à l’occasion de la bataille de Tolbiac (près de Cologne). Vers 496, tandis que Clovis combat les Alamans pour étendre son royaume sur l’actuelle Alsace et l'Allemagne, l’armée franque est sur le point d’être dominée malgré l’appel à tous les dieux païens de la guerre. Clovis invoque alors le Christ de Clothilde et s’engage à croire en lui et à se faire baptiser s’il obtient la victoire. Le roi des Alamans est alors tué d’une flèche, signant la débandade puis le retrait des troupes ennemies, poussant Clovis vers la victoire (la mort de leur roi était le symbole pour les Alamans de l'abandon de leurs Dieux).

Baptême de Clovis
Après un temps de réflexion et de maturation et suite à l'incitation de sa femme, Clovis est baptisé à Reims par Saint Rémi le 25 Décembre 496 ou 498. Pourquoi cette incertitude concernant la date du baptême ? Elle est due au manque de données fournies par Grégoire de Tours, qui n’est pas contemporain de cette époque. Ce dernier constitue, grâce à son ouvrage "L'Histoire des Francs" la principale source d’informations concernant cette époque. Les travaux récents des historiens semblent donner pour improbable l'année 496 mais confirment le 25 décembre qui est symboliquement le jour de la naissance du Christ. De plus, la datation en années de l'ère chrétienne inventée par un moine au VIème siècle n'apparaît en Gaule qu'au VIIIe, ce qui complique largement la datation des événements. Au moment où il allait être baptisé Saint Rémi lui dit : "Baisse la tête avec humilité Sicambre, retire tes colliers, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré !".
Les colliers étaient des "porte-bonheur" païens et Sicambre le nom d'une tribu à l'origine des Francs saliens : l'évêque signifiait de la sorte que Clovis devait renoncer aux coutumes des païens. Le roi, après avoir confessé le Tout-Puissant, est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et oint du saint-chrème au moyen du signe de la croix du Christ. Plus de 3000 hommes de son armée reçoivent également le baptême le même jour.
La tradition du sacre à Reims est ainsi initialisée pour les rois de France qui reçoivent leur pouvoir de Dieu ; Charles X sera le dernier roi à être ainsi consacré en 1825. Les traces du baptistère contemporain au baptême de Clovis ont été retrouvées dans la cathédrale de Reims, qui a été construite au dessus de l'édifice initial.

Conséquences de la conversion de Clovis au catholicisme
Ce baptême est loin de se limiter à sa seule dimension religieuse par ses nombreuses conséquences au niveau politique :
  • Création de la 1ère entité politique cohérente sur le sol de France : l'empereur d'Orient Anastase prend d'ailleurs parti pour le catholique Clovis : il recevra plus tard les insignes consulaires, signe du plus grand souverain d'Occident.
  • Ouverture d'une fracture décisive entre les francs et les goths ariens : le roi wisigoth Alaric ne peut supporter cette reconnaissance officielle de Clovis.
  • Reconnaissance aux yeux des gallo-romains de la réputation de Clovis, notamment pour la classe sénatoriale : les rois ariens sont désormais en porte à faux vis à vis de la majorité de leur sujets.
  • Modification de la nature du pouvoir royal : la monarchie mérovingienne était élective au sein de la famille du roi et l'assemblée de guerriers pouvait déposer le roi pour désigner un remplaçant. Le baptême de Clovis légalisait donc son droit de régner au nom de Dieu et écartait du pouvoir ses parents à l'exception de sa descendance directe.
S'il ne faut pas négliger les convictions religieuses de Clovis, il est indéniable que les conséquences politiques de cet acte ont été calculées : son baptême jouera un rôle déterminant dans l'hégémonie que Clovis finira par imposer à toute la Gaule en le positionnant en protecteur des églises du royaume et en défenseur de la foi catholique. Cet acte fera de la France la fille aînée de l'église, et scellera pour 13 siècles l'alliance du trône (le pouvoir) et de l'autel (la religion).
Clovis poursuit son projet d'expansion et d'affirmation de son pouvoir, fort du soutien de l'épiscopat obtenu grâce à son baptême : il étend son royaume et fixe sa capitale à Paris, supprime ses éventuels "concurrents", et légifère pour imposer les lois telles qu'il les conçoit.

Expansion territoriale : victoire sur les wisigoths
Les wisigoths sont maîtres d'un immense territoire en ce début du VIème siècle, leur roi Alaric II règne de l'Espagne jusqu'à la Loire et de l'Atlantique à la Méditerranée, et ils ont pour prétention de s'étendre au nord de la Loire sur les terres des francs. Après une rencontre cordiale mais inefficace entre les deux rois et des tentatives de conciliation du roi ostrogoth Théodoric le Grand, le conflit est inévitable. Un accord secret entre Clovis et l'empereur romain d'Orient Anastase Ier est passé, stipulant que Clovis attaquera les wisigoths tandis qu'Anastase 1er s'occupera des ostrogoths. Anastase Ier souhaite affaiblir la toute puissance des ostrogoths en Italie en incitant Clovis à attaquer les wisigoths, leurs frères de race, Clovis sait qu'une alliance entre les ostrogoths et les wisigoths lui serait fatale et ce plan fonctionne puisque les ostrogoths se limiteront à défendre l'Italie contre l'invasion des troupes romaines et n'aideront pas les wisigoths.
Au printemps 507, l'armée franque franchit la Loire en direction de Poitiers sous le commandement de Clovis et de son fils aîné Thierry. L'armée des wisigoths marche au nord pour limiter leur progression en espérant que les ostrogoths les appuieront. La rencontre a lieu dans la plaine de Vouillé près de Poitiers. Un terrible corps à corps commence, jusqu'à ce que le roi Alaric II soit tué par Clovis en personne. Comme pour la bataille de Tolbiac contre les alamans, cette mort marque la débandade des wisigoths qui seront massacrés par les francs. Cette victoire ouvre pour Clovis la route du midi : il conquiert Toulouse, ancienne capitale des wisigoths, Narbonne, l'Aquitaine, la Gascogne, le Languedoc et le Limousin.
Clovis, qui a hérité de son père d'un modeste territoire, a véritablement fondé suite à ses conquêtes le royaume franc ; les "anciennes terres gauloises" sont sous son contrôle, à l'exception de :
  • la Provence et de la Septimanie : restées aux mains des goths (qui vont d'ailleurs reconquérir dès 509 Narbonne, Orange et Avignon),
  • la Burgondie : les batailles contre les burgondes de 500 à 502 ne lui permettent pas de contrôler ce territoire, mais tracent la route pour ses héritier.
Paris, capitale du Royaume
Clovis décide en 508 de fixer sa capitale à Paris (après Tournai en Belgique et Soissons), qui ne se nomme plus Lutèce depuis plus d'un siècle. Probablement influencé par Sainte Geneviève avant sa mort, ce choix est également justifié par la «monumentalité» de la ville héritée de Rome et par sa situation stratégique (site insulaire, voie fluviale est-ouest et route nord-sud). Clovis vit probablement dans le palais construit sous l'empereur romain Julien sur l'île de la Cité ; ce dernier restera résidence royale pendant plus de 1000 ans avant d'occuper une fonction de justice. Le royaume mérovingien conserve Paris comme "principale" capitale jusqu'à la fin du règne de Dagobert : avec la décadence du pouvoir des derniers rois mérovingiens, Paris perdra ensuite de son importance (sous les Carolingiens, la capitale deviendra Aix-la-Chapelle en Allemagne).

Clovis préserve l'unité du royaume par des assassinats
Aussi entreprend-il d'unifier son royaume d'une manière si impitoyable et si cruelle que les historiens très favorables à sa cause, comme Grégoire de Tours, et plus encore ses hagiographes, en sont gênés. Clovis baptisé, Clovis le catholique se conduit à la fin de son règne comme un vrai barbare. Afin d’éviter le partage de son royaume, Clovis fait assassiner au moins douze de ses anciens frères d’armes et membres de sa famille susceptibles de lui disputer son pouvoir. Il veut ainsi réserver exclusivement son royaume à ses fils. Pour contrôler qu’il n’a oublié personne, il se plaint lors d’un banquet de n’avoir plus de parents à ses côtés : il vérifie ainsi l’accomplissement de sa tâche car aucun convive ne se manifeste ! Tous les chefs francs Saliens et Rhénans, dont il devient le roi vers 510, sont ainsi exécutés.

Clovis, le législateur (la Loi Salique)
Après la liquidation de ses frères d'armes lui garantissant les pleins pouvoirs, Clovis souhaite donner à son royaume une base législative solide afin de se positionner en refondateur de l'état de droit. C’est ainsi qu’il fait rédiger entre 508 et 510 un ensemble de lois (dites Lois Saliques car Clovis était un franc salien) à partir du Bréviaire du wisigoth Alaric et d’anciennes lois germaniques. Elle consiste essentiellement à régler : l'égalité entre tous les citoyens, la liberté de mariage, les problèmes de procédure concernant les personnes et les biens et les droits de succession pour les biens fonciers (terres). La loi Salique est le premier code de loi à avoir été rédigé dans notre pays, si le code Napoléon n'en garde que peu de trace, la législation médiévale en fut largement imprégnée.
Lien : Le pacte de la loi salique (pactus legis salicæ)

La consécration de Clovis
Il reçoit enfin en 510 de l'empereur byzantin Anastase, les insignes de consul honoraire de Rome, ce qui le fait considérer par les évêques comme le successeur des empereurs romains. Clovis a réalisé l'unité de son peuple et il était le véritable maître incontesté de toute la Gaule en initialisant la première alliance en France du trône (le pouvoir) et de l'autel (la religion). De même, il sera parvenu à faire de son petit royaume un Etat puissant, fruit d'un amalgame de traditions barbares et romaines.
Clovis meurt en 511 après 30 années de règne.

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Le fameux épisode du Vase de Soissons
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En 486, l’armée franque de Clovis écrase celle de Syagrius et pille la région conquise : c’est dans ce contexte que ce déroule le fameux épisode du Vase de Soissons. Le vase provient en fait du diocèse de Reims : il s’agit d’un vase liturgique en argent qui est intégré au butin des Francs lors de la guerre opposant Clovis à Syagrius à la fin du Vème siècle. Saint Rémi, l’évêque de Reims, envoie un messager à Clovis afin qu’il restitue cet objet mais la règle de partage des prises de guerre était stricte : chaque part, y compris celle du roi, était tirée au sort. Afin de respecter les bonnes relations qu’il entretenait avec l’église et étant donné que le tirage au sort à Soissons (d’où le nom « vase de Soissons ») n’attribuera pas le vase à Clovis, ce dernier le réclamera en prétextant un passe-droit. Un soldat s’y oppose, frappe le vase avec une hache en disant : « tu n’auras rien que ce que le sort t’attribuera vraiment ». Clovis s’incline, mais parviendra tout de même à échanger d’autres objets contre le vase cabossé qu’il restituera aussitôt à l’évêque : il n’a donc pas été cassé comme l’indiquent certains manuels d’histoire.
Enluminure du Département des Manuscrits de la BNF Lors d’une revue de son armée à Soissons bien plus tard, Clovis, qui avait la rancune tenace, remarque que les armes de celui qui avait frappé le vase étaient mal entretenues : il les jette à terre et tandis qu’il se penche pour les ramasser, Clovis lui fracasse le crâne en disant : «ainsi as-tu fait à Soissons avec le vase». Il profite ainsi du droit de vie et de mort que le roi avait sur ses sujets. Grâce à ce geste, il n’en sera que mieux respecté : les rois imposent leur autorité par la terreur !

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La légende de la Sainte Ampoule
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La légende de la Sainte Ampoule est évoquée dans la vie de Saint Rémi (écrit par l'archevêque de Reims Hincmar en 876) : "Au moment du baptême de Clovis, le diacre apportant le saint chrême, pris dans l'embouteillage des fidèles, ne put arriver à temps. Mais une colombe descend du ciel, tenant dans son bec une ampoule remplie d'huile. C'est avec cette huile miraculeuse que Saint Rémi donna au roi des francs l'onction."
Il a d'ailleurs été découvert dans le tombeau de Saint Rémi une ampoule de verre remplie d'un baume parfumé comme on en plaçait dans les tombes gallo-romaines. Cette relique fut intégrée dans un reliquaire où elle formait le corps d'une colombe. Elle fut hélas détruite en 1793 et quelques fragments ont été ensuite rassemblés dans un nouveau reliquaire réalisé pour Charles X en 1820.

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Origine du nom de Clovis
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Clovis portait le nom germano-latin de Chlodowich ou Chlodovechus, qui signifie "célèbre par ses combats". Le nom de Clovis ne lui a été donné qu'au Xe. Il aurait dû s'appeler Louis, dont la graphie correspond à la transcription correcte en français de la forme latine de son nom de Chlodovechus (qui est le nom qui apparaît dans les textes latins des Ve et VIe s). Le prénom "Louis" gardera un destin royal pendant plus de 1000 ans, du fils de Charlemagne, Louis le Débonnaire en 814, jusqu'à Louis-Philippe, dernier roi de France en 1848.